L’Amour et Bacchus à la foire
Date
1726 (03 juin)
Lieu
Foire Saint-Laurent
Sources
Le portefeuille BnF fr. 9336, contient deux versions de cette pièce: la première, ff. 209-224, est complète (notre PDF suit cette version), la seconde, ff. 225-230, est un canevas.
Texte
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Remarques
Les deux manuscrits conservés donnent deux titres différents à ce prologue : l’un l’intitule L’Amour et Bacchus à la foire, l’autre Les Dieux travestis ; aucune des autres sources ne mentionne ces titres.
Ce prologue précédait Le Saut de Leucade et Le Galant brutal. Les Mémoires des frères Parfaict (II, 36), sans lui donner de titre, le mentionnent et donnent la date du 3 juillet, à laquelle ouvrit l’Opéra-Comique (la foire Saint-Laurent avait commencé très tôt, le 28 juin). Le manuscrit Opéra-Comique mentionne les deux pièces « avec un prologue, faible succès}. Il nous paraît que l’ensemble quitte l’affiche le 17 juillet, date à laquelle on donne une pièce nouvelle, Pierrot fée, accompagnée de deux reprises, L’École des amants et Les Arrêts de l’Amour, qui à leur tour céderont la place aux Pèlerins de la Mecque, en trois actes, de Fuzelier, Le Sage et d’Orneval, le 29 juillet — grand succès, représenté jusqu’au 6 septembre.
Malheureusement, le copiste du manuscrit qui donne la pièce apparemment complète est en réalité incomplet : ainsi, à la scène 7, qui joue effectivement le rôle du prologue (elle annonce les deux pièces qui vont suivre), le Chevalier gascon semble répondre à une question du Docteur qui manque dans le déroulement :
le chevalier — Oh çà, botre seconde pièce, comment l’intitulez-vous?
le docteur — Le Galant brutal.
le chevalier — Si je connais Francisque, moi! Allez, Docteur, Francisque me faisait respectueusement sa cour à Vordeaux.
L’évocation de Francisque par le Chevalier apparaît inopinément. Or, la page de titre de ce manuscrit indique que la pièce était jouée par « la troupe du sieur Francisque à la foire Saint-Laurent le 13 juillet 1726 ». Qu’est-ce à dire ? Remarquons d’abord que la date est fausse : il doit s’agir du 3 juillet, et non du 13, comme l’indiquent les frères Parfaict, comme pour les deux pièces que le prologue accompagne.
Les frères Parfaict n’indiquent pas que Francisque ait disposé d’un théâtre. En revanche, ils l’évoquent à propos de la fin de la foire :
Le [...] 23 [octobre], l’Opéra-Comique donna son spectacle sur le théâtre du Palais Royal ; il fut terminé par un compliment prononcé par Francisque, qui remercia le public de l’indulgence et de la bonté qu’il avait témoignées pendant le cours de cette foire. (II, 38)
Le Mercure d’octobre 1726 évoque la même représentation :
L’Opéra-Comique, qui a joué plusieurs fois depuis la clôture de la foire Saint-Laurent sur le théâtre du Palais Royal, prit congé du public le mercredi 23 octobre : le sieur Francisque prononça le discours suivant, qui fut applaudi. (Mercure de France, octobre 1726, p. 2347. Suit effectivement le texte du compliment.)
D’autre part, le Mercure d’août (p. 1726) et celui de septembre (p. 2310) indiquent aussi que Les Pèlerins de la Mecque avaient été représenté[s] par « l’Opéra-Comique du sieur Francisque » à partir du 29 juillet ; de même, en octobre :
L’Opéra-Comique du sieur Francisque donna le 20 septembre la première représentation d’une pièce nouvelle intitulée Les Comédiens corsaires.
La livraison de juillet, en revanche, ne parlait que de « l’Opéra-Comique ».
La page de titre du Galant brutal (BnF fr. 9336, fo 231) donne peut-être une piste : « Représenté sur le théâtre de l’Opéra-Comique de la foire Saint-Laurent par la troupe du sieur Francisque » Honoré aurait-il laissé son théâtre à une autre troupe que celle qui l’occupait habituellement? Dans tous les cas, les listes d’acteurs des Dieux travestis, du Galant brutal, du Saut de Leucade et des Pèlerins de la Mecque ne donnent aucun rôle à Pierrot ; dans le même temps, la part d’Arlequin est grande dans toutes ces pièces —il est très probable que Francisque fît l’Arlequin, rôle qu’il avait déjà tenu auparavant.
Il devait bien y avoir un Pierrot à cette foire, puisqu’on y représenta un Pierrot fée, et qu’un Pierrot figure dans Le Bois de Boulogne de Fuzelier. Si son rôle est réduit dans Le Bois de Boulogne, il ressemble cependant à celui de La Gageure de Pierrot ; d’autre part, le titre de Pierrot fée indique clairement un travestissement. Peut-on en déduire que c’était Hamoche qui jouait ? Il s’agit peut-être simplement de caractères qu’il a laissés au type de Pierrot. Les deux pièces n’ont obtenu que peu de succès.