Les Vendanges de Champagne

Date

1724 (22 septembre)

Lieu

Foire Saint-Laurent

Sources

BnF fr. 9336, ff 45-92v.

Texte

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Remarques

Cette pièce a été reprise en 1732 sous le titre Les Vendanges du hasard, comme l’attestent la page de titre du manuscrit des Vendanges de Champagne et le ms. BnF fr. 9337, ff 167-171, qui fournit un canevas de cette seconde version. Il n’est pas à exclure que la version du fr. 9336 (éditée ici) prenne en compte tout ou partie des modifications de 1732.

Le manuscrit « Opéra-Comique » note que Les Bains de Charenton et Les Vendanges de Champagne, deux pièces représentées ensemble, « réussirent avec éclat ».

Le Mercure de France d’octobre 1724 donne un résumé détaillé de la pièce (p.~2212-2216) :

Un marquis champenois, amoureux de Marie-Anne, fille de madame Guilleret, marchande Drapière de la rue Saint-Honoré, apprend par Arlequin, valet de cette bourgeoise, qu’elle doit se rendre en Champagne pour voir les Vendanges d’Épernay. Il la devance avec Pierrot, son valet, et descend de sa chaise de poste dans une petite maison de campagne qu’il a à une lieue d’Épernay. À peine est-il arrivé, à peine a-t-il instruit Pierrot de sa situation, qu’il accourt à Arlequin, son premier confident, qui lui annonce que la Berline de madame Guilleret s’est rompue dans le grand chemin d’Épernay, voisin du hameau où se trouve la maison du marquis, et que madame Guilleret est non seulement accompagné de Marie-Anne, sa fille, mais encore de M.~de Boiscourt, gentilhomme bourguignon qu’elle a choisi pour son gendre. Cette nouvelle attriste fort le marquis. Pierrot, touché du chagrin de son maître, fait travailler son imagination. Arlequin, dans son récit, a déclaré qu’il ne restait pour auberge que la rue aux échappés du naufrage de la berline, et que la seule hôtellerie du hameau était occupée par une demi-douzaine de marchands de vins, attirés dans la province par les Vendanges. Pierrot, animé d’un beau zèle, métamorphose subitement la maison de son maître en auberge, en faisant pendre un chou à la porte; il fait travestir le marquis en hôtelier, et se déguise lui-même en allemand. Le rival du marquis arrive et prend Pierrot pour un étranger. Ils lient conversation ensemble. Pierrot sonde le gentilhomme bourguignon, découvre qu’il est intéressé et qu’il ne se marie que pour rétablir son château ruiné. Pierrot allemand lui dit qu’il pense de même, qu’il ne prend une femme que pour meubler sa cave de bon vin, et qu’il doit épouser incessamment la comtesse de Clairverjus, champenoise, riche de trente mille livres de rente. Le Bourguignon, tenté par cette fortune, laisse éclater son avarice et apprend au faux Allemand qu’il a signé un dédit de mille pistoles avec madame Guilleret; cette nouvelle découverte embarrasse fort l’intriguant Pierrot, qui cependant rêve au moyen de détruire cet obstacle et se retire, voyant arriver madame Guilleret, sa fille, et le Marquis hôtelier. La drapière qui est une bourgeoise enjouée et curieuse de bonne chère, ordonne qu’on mette rafraîchir le vin, et emmène son gendre futur pour aller visiter avec elle les dehors du hameau, après que le marquis déguisé lui a proposé de voir chez lui les vendanges qui doivent être ouvertes par une fête bachique et champêtre. Arlequin survient et trouvant le marquis hôtelier seul avec sa maîtresse qui ne le reconnaît pas, cet amant ne l’ayant suivie à Paris que pendant peu de jours et s’étant borné au langage des yeux, ce confident adroit lui ménage le plaisir de faire expliquer Marie-Anne en sa présence, qui se croyant loin du marquis, détaille hardiment ce qu’elle ressent pour lui; enfin le marquis se fait connaître et baisant la main de sa maîtresse avec transport, il est interrompu par les reproches de Pierrot déguisé en femme, qui feint d’être une rivale de Marie-Anne et l’inquiète un instant. Son maître lui-même s’y est trompé et le reconnaissant lui demande la raison de ce déguisement. Pierrot l’informe de l’anicroche du dédit, et entendant la voix du gentilhomme bourguignon, il les congédie tous en leur disant qu’il va travailler pour les rendre heureux. M. de Boiscourt avance, plein de l’idée de la comtesse de Clairverjus, et résolu de supplanter l’Allemand; Pierrot feint d’être la comtesse désirée, et enflamme si bien le cœur intéressé du gentilhomme bourguignon qu’il le fait consentir à lui remettre le dédit de mille pistoles, en lui signant une promesse de mariage; la fausse comtesse écrit généreusement cette promesse, et dit au Bourguignon dupé que la fille d’une bourgeoise ne lui convient pas, et qu’il doit laisser Marie-Anne Guilleret à un hobereau champenois de ses cousins, qui en est amoureux; alors le Bourguignon, qui se croit très fin, lâche le dédit, et serre la promesse de mariage signée par la comtesse Pierrot. L’intrigue se dénoue un moment après en présence de madame Guilleret, qui consent volontiers à l’échange de genre qu’on lui propose. Pierrot, sûr de son fait, appelle le marquis, charmé de son bonheur et se démasque avec lui. M. de Boiscourt, honteux d’être la dupe de sa finesse, se retire avec chagrin et le marquis propose à la compagnie de voir la fête bachique préparée dans son jardin. La ferme s’ouvre et on aperçoit au fond de ce jardin des berceaux de vigne, percés par trois arcades, occupée par une foule de vendangeurs et vendangeuses, dansants et chantants, au-dessus de ces arcades; la treille est encore percée en trois endroits qui sont remplis par des hautbois et bassons en vendangeurs. Cet orchestre joue une marche en dialogue avec l’orchestre qui est au pied du théâtre. Ce divertissement est fort brillant et entrecoupé de danses et de chants agréablement variés.